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Si j’ai bonne mémoire

28 novembre 20143 janvier 2015

Née en 1952, à Châteauroux, Michèle Cirès Brigand devient professeur à l’Ecole Supérieure d’Arts de Rueil-Malmaison après avoir suivi ses études à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Limoges. Elle vit et travaille à Paris depuis 1985.

De l’atelier de tailleur de son père, elle a gardé le goût de la couture et de son univers. Son travail, à partir de d’éléments trouvés ou retrouvés, de souvenirs, de mots, d’images, de tissus, se construit en desseins, photographies, collages qui manifestent son attrait pour les histoires, les réminiscences, l’intime et le quotidien.

Michèle Cirès Brigand était en résidence, d’octobre 2013 à octobre 2014 dans notre Maison. Elle a travaillé sur des projets mêlant histoires de vies et tissus avec les résidents.

Trois projets en un

Elle est arrivée auprès des résidents sur la pointe de pied et des idées plein la tête. « Un projet à la fois précis et ouvert, quelque chose autour du vêtement à partir d’une photo ancienne et parallèlement, lire » À la Recherche du Temps Perdu » de Marcel Proust. » (Extrait du journal «si j’ai bonne mémoire », Michèle Cirès Brigand).

La mémoire des vêtements

Michèle Cirès Brigand a rencontré régulièrement des résidents de notre Maison avec lesquels elle a partagé des moments intenses ce qui lui a permis de réaliser son projet dont l’objectif était de faire fabriquer par une couturière à la fois un vêtement d’enfance et un vêtement idéal, à l’image de singularité de chacun. Elle a récolté « des impressions, des émotions, des mots, des confidences » souvenir des habits du passé, des habits souhaités,… Elle s’est inspirée de mots des résidents, de leurs images pour revisiter et réinventer ce qu’on lui a confié.

Lectures de Proust

Michèle Cirès Brigand a parallèlement instauré un rituel avec les résidents de la Maison Nationale des Artistes. Elle a proposé d’interpeller les habitants de la Maison par un jeu de photos et de citations. Elle a choisi une phrase de Marcel Proust (on célébrait en 2013, le centenaire de la publication de la première partie d’ « A la recherche du temps perdu » chez Gallimard) et réalisé une photo évoquant cette phrase, qu’elle a accroché chaque quinze jour dans le foyer de la Maison. Ces photos ont progressivement intrigué les résidents et créé un lien avec eux puis débouché sur des entretiens plus intimes avec les résidents.

Les pages de livres

Lors de sa résidence à la MNA, après chaque visite et rencontre, Michèle Cirès Brigand achetait un livre dont le titre était en résonance avec ce qu’elle avait ressenti lors de ses rencontres ou de ses passages et une page en était extrait pour y réaliser un dessin à l’encre de Chine. Ce travail donne à voir un autre aspect de l’activité créatrice de Michèle Cirès Brigand.

Une édition-mémoire.

Trois livrets retraçant les trois volets de la résidence de Michèle Cirès Brigand – les vêtements, Proust et le travail plastique sur les pages de livres) ont été édités dans la nouvelle collection de la Maison Nationale des Artistes pour restituer la mémoire de cette aventure d’une année avec nos résidents.

"Si j'ai bonne mémoire", Michèle Cirès Brigand

" Les bois sont déjà noirs, le ciel est encor bleu" (vers de Paul Desjardins)

"Longtemps, je me suis couché de bonne heure."

"Parfois avant d'aller s'habiller, Mme Swann se mettait au piano. Ses belles mains, sortant des manches roses, ou blanches, souvent de couleurs très vives, de sa robe de chambre de crêpe de Chine, allongeaient leurs phalanges sur le piano avec cette même mélancolie qui était dans ses yeux et n'était pas dans son coeur."