Lauréats des commissions mécénat
de la Fondation des ArtistesAjouter un lauréat

Pendant la guerre froide en Allemagne de l’Ouest et de l’Est, des missions de surveillance et de contre-espionnage ont filmé et photographié de manière systématique, dans un but militaire, les territoires ennemis. Ces images, une infinitude de photographies et de vidéos
désormais archivées, annoncent l’usage de la photographie et de la vidéosurveillance comme substitut à l’espace réel dans un but de contrôle et de défense. En découvrant ces images, des années après la disparition de ces deux territoires fermés, elles sont apparues à l'artiste comme une volonté de cartographie totale, systématique et répressive, une réplique sous forme de
catalogue du réel, un double utopique en papier.
Le film sonore réalisé en 16 mm, propose un parcours dans les archives de la Stasi à Berlin. Au travers d’une exploration qui passe progressivement d’une image à un espace, le film interroge les systèmes de surveillance, leurs processus d’archivage et leur nature répressive. Découvrant les restes des archives de l’oeil machine omniscient de l’ex RDA, le film analyse les processus de conservation et de consultation de ces documents. En révélant la mécanisation
de la classification de ces documents d’information analogiques, le film annonce aussi ce qui deviendra plus tard, les systèmes d’archivage de données numériques.
En rassemblant plusieurs médias et sources, comme un film éclaté, l’installation "Stases", sonde le caractère augural de l’archive. Un film scrute des images de surveillance sans légendes. Il s’agit de documents de la Stasi, extrait des millions de photographies archivées. Gardées par hypothèse et pour un examen futur, elles sont conçues pour être une archive, un index, avant d’être exposées au regard. Sur un autre écran, la caméra glisse dans les bureaux ou ses mêmes documents sont conservés, et/ou le temps et le vide ont remplacé l’activité répressive,
obsessionnelle et paranoïaque. Enregistrements prospectifs et images latentes se reflètent à l’aune de l’usage actuel des données, et, ces pièces, devenues elles-mêmes archives,
s’étendent dans une stagnation de stases, de temps distendu et de latence.