Lauréats des commissions mécénat
de la Fondation des ArtistesAjouter un lauréat

Dans la Rome ancienne, les femmes n’avaient pas le droit de parler dans le forum. « Afrania » eu pourtant l’impudeur de vouloir plaider pour elle-même et son nom devint le terme argot pour désigner une femme déplaisante. Une loi fut passée - dans laquelle on lui faisait référence en tant que l’improbissima fema, la femme tristement
célèbre - interdisant aux femmes de plaider pour des cas hors les leurs. La rancœur n’était pas tant dirigé à l’encontre de son discours mais du son de sa voix. Valerius Maximus décrivit celle-ci comme « un jappement contre nature », un « aboiement », un « harcèlement constant pour le magistrat ». Beaucoup de ses détracteurs lui reprochaient son manque de décence dans « l’exposition» de sa voix devant tant de gens. On ne connait que la date de sa mort (av. J.-C.). Toujours d’après Maximus : « avec de telles erreurs de la nature, il est plus important de retenir leur mort que le jour de leur naissance. »
Le projet «Le mot fait chair» est dans la continuité d'un travail sur la voix que développe Fabienne Audéoud depuis presque 30 ans. Dans ses performance a capela elle improvise une masse de musique, dans laquelle tout joue : le corps, la voix, l’espace et le public sont instrumentalisés. Elle interprète une forme d’hystérie de la composition (et non une hystérie féminine), les frictions entre les prouesses de virtuosités vocale, la multiplicité des références et l’expression de sonorités qui traversent tous les registres à la fois sonores et émotionnels. Parfois, elle ne chante plus qu’une note. Alors que la voix demeure lyrique, on entend progressivement des pleurs, un cri de douleur. Techniques
et composition minimales, à la fois désespérée et volontaire. Il n’y a pas vraiment d’explication, pas d’excuse à la
virtuosité.
Un opéra sans livret, ni histoire, ni décor, ni partenaire(s).